Lou, sous un ciel d’or

Années 20, les Cornouailles, le Charleston, le jazz, la liberté. Fermez les yeux et imaginez l’atmosphère de cette époque. Maintenant, introduisez-y une jeune fille de 17 ans, passionnée de lecture et d’écriture, le temps d’un été… Un siècle nous sépare, et pourtant presque rien n’a changé.

Lou habite dans un foyer chaleureux, dans une ferme sur une ile, entourée de nombreux frères et sœurs. Son quotidien oscille entre des taches ménagères et autres corvées, et du temps libre en compagnie de sa grande sœur Alice, et seule pour lire dans une maison abandonnée. Elle vit chaque jour dans une routine sympathique, même si elle rêve d’un futur plus grisant et rythmé.

Puis, tout bascule du jour au lendemain. Alice se marie et quitte le foyer. Lou qui adorait cette douce complicité rassurante se retrouve alors privée de son modèle. Comment réagir lorsqu’on perd son point de repère ?
Et sa demeure inoccupée chérie retrouve ses propriétaires. Elle qui se ressourçait en s’y réfugiant pour croquer des pommes du verger, emprunter des romans dans la bibliothèque et écrire son premier roman. Comment retrouver un lieu secret et inspirant comme celui-là ?

Un jour, curieuse de savoir qui a emménagé dans la propriété abandonnée, elle se cache dans un arbre surplombant le jardin. Son refuge n’est guère discret, et se fait vite remarquer par Robert Cardew, le maître des lieux. Complètement désorientée par cette rencontre imprévue, elle ne peut que lui donner la répartie dans une conversation qu’il entame le plus naturellement du monde, sans le moindre reproche. Comment aurait-elle pu envisager que ses qualités d’espionne seraient si médiocre et qu’en plus il allait l’inviter officiellement à leur prochaine fête ?

Fière et courageuse, elle s’y rend et tombe sous le charme de l’ambiance légère et magique. Elle s’y sent à l’aise, malgré les regards interrogateurs des invités, qui virevoltent autour d’elle pour mieux la connaître. Adoptée en moins de deux, y compris par Caitlin, la sœur de Robert qui voit en elle l’amie parfaite, elle est projetée dans un rêve éveillé. Un nouvel horizon s’ouvre alors à elle : la gente masculine… Attirée par l’un, amusée par un autre et intriguée par un troisième : lequel saura faire briller la petite flamme dans ses yeux et faire vibrer son cœur ?

Le roman bascule alors dans un tout autre décor, celui d’un monde à paillettes, dans un délice de luxe épicurien. Le lecteur savoure en toile de fond le charme de cette époque, entre soirées de jazz et de charleston, et devient le témoin d’une idylle naissante.

La plume de Laura Wood vous embarque dès les premières lignes : son style fluide, à l’humour fin, procure un plaisir de lecture émouvant et exaltant. Son héroïne est immédiatement attachante. D’une part pour son goût des mots, elle lit tout ce qui lui tombe sous la main et adore écrire – elle n’est sans nous rappeler notre chère Jo des Quatre filles du docteur March. Et d’autre part, pour sa spontanéité, sa fraîcheur et sa gentillesse auprès des siens, elle captive les regards. L’autrice raconte ainsi de manière simple et si addictive l’apprentissage de la vie de Lou, au cours d’une expérience estivale, festive et épicurienne.

Un roman savoureux, romantique à souhait, avec une héroïne idéaliste mais un poil rebelle et une palette de personnages gravitant autour d’elle hauts en couleur.


Sous un ciel d’or
de Laura Wood, traduit par Aurélien d’Almeida
éditions Pocket Jeunesse
384 pages – 9782266310659 – 18,50 €
parution le 4 mars 2021
> dès 13 ans