Un programme 2021 enthousiasmant chez PKJ

Lundi 25 janvier, libraires et bibliothécaires étaient conviés à la traditionnelle rencontre de présentation du programme 2021 de Pocket Jeunesse. Situation sanitaire oblige, celle-ci s’est tenue en virtuel, ce qui a ainsi permis aux professionnels de toute la France de pouvoir y assister. Editeurs et éditrices se sont succédés pour parler de leurs coups de cœur et enjeux de l’année, tandis que les auteurs et autrices ont été interviewés par des libraires et bibliothécaires fans ! Retour sur cette matinée virtuelle riche et foisonnante, où chacun a pu commenter en direct sur les titres ou les couvertures marquantes : l’un des chouettes atouts du numérique !

Une belle année 2020 malgré la crise sanitaire !

Forte de deux anniversaires (les 15 ans de La Guerre des clans et les 20 ans des P’tites Poules), de la sortie du prequel de Hunger Games, de la publication remarquée des auteurs français et de prix littéraires très importants (celui du Journal de Mickey pour L’incroyable voyage de Coyote Sunrise, et ceux de Libr’à nous et du Roman de l’Ecologie pour Nous sommes l’étincelle), l’année de Pocket Jeunesse a été aussi particulière qu’inattendue. C’est donc avec les remerciements de la directrice éditoriale, Natacha Derevitsky, qui a tenu à mettre en valeur le soutien des libraires et des bibliothécaires pendant ces mois de confinement, que la présentation s’est ouverte.

En 2021 : de nouvelles « locomotives » et des partenariats avec les éditeurs de jeux vidéo

Beaucoup de romans ont titillé notre curiosité lors de cette présentation et on retiendra quelques grands enjeux avec des auteurs et autrices désormais renommés. Le début de l’année sera marqué par les indémodables Evelyne Brisou-Pellen et Hélène Montardre qui proposeront toutes les deux des séries pour les plus jeunes : L’enfance des dieux pour la première, série mythologique illustrée pour découvrir les dieux grecs enfants, et L’histoire au galop pour la seconde, qui verra le destin d’un enfant et de sa relation avec un cheval se mêler à des événements historiques célèbres.

Du côté de la littérature étrangère, nous verrons le grand retour de James Dashner, l’auteur du Labyrinthe, qui a été bien occupé puisque paraîtront dans l’année un spin-off sur le personnage de Newt (très apprécié des fans de la série) et une toute nouvelle trilogie qui nous emmènera 73 ans après les événements du Labyrinthe. A découvrir à la rentrée prochaine ! Et pour ceux qui aiment l’horreur, l’été sera aux mains de R.L. Stine qui nous fera frissonner de plaisir avec la parution de trois romans courts pour les adolescents : Fear street. Des romans publiés dans les années 1990 mais qui ont été retravaillés, d’autant plus que paraîtront en même temps trois films sur Netflix ! Et pour les fans de Meredith Russo, d’Estelle Maskame ou de romans féministes, vous ne serez pas en reste avec des romans qui s’annoncent engagés !

Enfin, Pocket Jeunesse entame cette année un partenariat avec plusieurs éditeurs de jeux vidéo (Ubisoft et Gameloft) pour développer de nouvelles licences et des romans pour tous les styles : Is it love ? pour les jeunes adultes qui découvriront le passé des personnages de ce jeu mobile de drague, Dragon mania pour les plus jeunes et, pour les amateurs de danse, l’égérie de Just Dance racontera son parcours incroyable.

Et la création française toujours à l’honneur

L’un des événements de 2020 fut l’entrée de Michel Bussi en littérature ado avec N.E.O. Le tome 2 sortira cette année avec une avancée dans l’intrigue puisqu’elle se déroulera deux ans après le premier tome. On peut s’attendre à un peu plus de violence et d’intrigues sentimentales, à l’image des changements qui s’opéreront chez les personnages. Mais l’auteur est aussi revenu sur le premier opus, interrogé par Audrey de la librairie L’Odyssée, à Vallet. L’occasion de parler de son écriture à destination des plus jeunes qui est l’opportunité pour lui d’explorer une aventure chorale, à la différence de ses romans adultes qui sont plus souvent un exercice de style. Selon lui, on fait « moins le malin » quand on écrit pour les ados, même s’il aime proposer du merveilleux ou du poétique dans les images évoquées. La pandémie était bien sûr une question logique après lecture de son roman, mais Michel Bussi révèle qu’elle n’a en rien influencé son roman et l’écriture des tomes en cours. D’abord car c’est une histoire qu’il porte en lui depuis 30-35 ans mais aussi parce que son idée de départ était plutôt d’explorer un univers où les ados sont maîtres du monde et comment ils vont le construire, dans la ligne de Sa Majesté des mouches. Cette reconstruction, chez l’un des peuples d’enfants, passe par la création de 3 piliers : la culture, la science et l’armée. Des pouvoirs qui se sont toujours affrontés au cours de l’histoire (et qui trouvent résonnance aussi en ce temps de pandémie) et qu’il était intéressant d’explorer aussi selon lui. Enfin, si Michel Bussi ne devait garder que 3 livres, à l’instar de Mordélia, il choisirait : Le Petit Prince, une grosse saga comme celle de Tolkien, et un livre vierge pour y écrire sa propre histoire.

Une nouvelle autrice rejoindra le catalogue PKJ en mai : Marie Reppelin, avec La Carte des confins, une aventure fantastique de piraterie. Connue également comme bookstagrammeuse, elle a tout d’abord proposé son texte sur Wattpad, une manière pour elle de se motiver à écrire, elle qui adore ça, et qui lui a permis d’être repérée pour une publication papier. Grande lectrice de romans young adult, ce sont bien sûr les dystopies et le fantastique qui l’ont beaucoup inspirée et, pour le côté pirate, le film Pirates des Caraïbes, mais c’est aussi tout simplement une histoire qu’elle aurait adoré lire qui a motivé son écriture. La grande force de son roman, ce sont aussi ses personnages et leur dualité : un élément important pour elle qui avait envie de montrer que, certes, les pirates ne sont pas des enfants de chœur, mais qu’ils peuvent aussi avoir de la tendresse, voire un côté « glamour ». Raconté du point de vue des deux personnages principaux, un procédé qu’elle aime tout particulièrement pour voir les événements de deux points de vue différents, le roman est prévu en 2 tomes.

La présentation s’est terminée avec un entretien croisé de Marion Brunet et Vincent Villeminot, la première interrogée par Valérie de la librairie La Cité du Vent, à Saint-Flour, et le second par Céline Bouju, de la bibliothèque de La Chapelle Saint Aubin. Deux romans qui, par certains côtés, se répondent, et ont suscité une passionnante discussion.

Avec Plein gris, Marion Brunet était intéressée depuis longtemps par le contexte de la mer, d’autant plus qu’elle avait fait de la voile plus jeune : elle avait envie de faire des traversées mais elle était terrifiée par l’idée des naufrages ! Son imaginaire a aussi été nourri par les récits, lors d’un voyage au Cap-Vert, de tous ces gens qui vivent sur leurs bateaux. C’est le personnage de Clarence qu’elle avait en tête dès le départ, l’idée de ce cadavre au bord du bateau, de ne pas savoir comment il est mort et d’avoir un récit raconté par la personne qui l’aimait. Elle a cependant renoncé à la partie de l’histoire très sombre où l’héroïne reste plusieurs jours avec le cadavre. Les autres personnages sont venus ensuite, pour faire un groupe hétérogène et proposer un couple en antithèse de celui toxique de Clarence et Emma. Ce qui l’intéressait aussi, c’est l’exploration de la violence, qui fait partie de la vie, et elle aime particulièrement l’idée du meurtre « d’accident, de circonstances » et la façon dont ses personnages vivent avec ça.

Avec L’île, Vincent Villeminot est revenu sur le destin particulier de ce texte : écrit lors d’une résidence sur l’île d’Aix en 2019 puis abandonné avant d’être repris en mars 2020 pour proposer une idée originale lors du confinement : un feuilleton à suivre chaque jour, qui a ressemblé de très nombreux lecteurs. Pour la publication en roman, le plus gros du retravail s’est fait sur le rythme et le chapitrage. Ce qui fonctionnait bien en feuilleton n’était pas forcément le cas pour tenir un roman. Et dans celui-ci, Vincent Villeminot continue d’explorer le passage de l’enfance à l’âge adulte. Il est de plus en plus intéressé par l’idée de mettre ses personnages dans un « bain de sauvagerie », une excuse ou un prétexte pour les faire entrer dans ce passage. Selon lui, on a tendance à mettre l’innocence de l’enfance et de la nature dans le même panier, ce qui est faux et ce qu’il veut justement confronter dans ses histoires. C’est en tous cas avec L’île son premier roman « de bande » où il explore les rapports de force, de séduction, l’équilibre et les déséquilibres d’un groupe. Oscillant ainsi entre le côté parfois très Stephen King ou très Club des 5 de sa petite bande, cela lui permet d’avoir une forme d’insouciance ou d’accentuer la paranoïa, l’angoisse de ses personnages.

C’est aussi ce que Vincent Villeminot a aimé dans le roman de Marion Brunet, ce chœur de personnages, cette bande où chacun a sa singularité. Et pour les fans de ces deux auteurs, Marion Brunet révèle que, dans Plein gris, Vincent y fait une apparition ! Elle écrivait en effet son roman en plein confinement et lisait elle-même le feuilleton quotidien de Vincent. Tous les deux sont en tous cas ravis que leurs lecteurs aient reconnu ce clin d’œil.

L’interview s’est achevée sur une citation de L’île : « Les livres ne donnent jamais d’explications. Ils nous enseignent simplement comment, et où, mieux regarder. » C’est effectivement ce en quoi croit Vincent Villeminot quand il écrit : son propos, dans chaque roman, c’est de regarder avec intensité, précision, de ne pas dire ce qu’il faut en penser. L’idée c’est de faire entrer un maximum de réel pour bousculer ses idées préconçues, d’apporter un regard mais pas de réponses. A méditer !

Un grand merci à tous les bibliothécaires et libraires qui ont répondu présents à notre invitation, et pour ces réactions vives et enthousiastes facilitées par l’immédiateté du numérique !

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