Ville ou campagne ?

Métropole ou Village. Urbanisme ou Ruralité. Cité ou Campagne. On est libres d’habiter où l’on veut, de choisir l’effervescence des villes et de se mettre au vert le week-end, ou de préférer le calme et les décors champêtres et de visiter des capitales en vacances. En 2052, chacun reste dans son cadre de vie avec l’interdiction formelle de le quitter même pour quelques heures…

Rob est à la bibliothèque publique du Grand Londres, une vieille bâtisse oubliée de la Cité. Il s’y rend souvent, il aime lire et cela le lie avec le souvenir de sa mère disparue. Une fois ses livres empruntés, il rejoint son père sur son lieu de travail pour rentrer chez eux en electrocar.

A partir de cette journée anodine, plus rien ne sera plus jamais pareil. Entre l’accident de travail mortel de son père appris brutalement, l’incapacité de ses proches à l’adopter, l’arrivée dans un pensionnat d’Etat sordide, Rob est désemparé. Un orphelin en colère. Un orphelin propulsé dans la cour des grands avec un choix crucial à faire.

Accepter sa vie et affronter chaque jour méchancetés et injustice, ou s’enfuir illégalement à la Campagne malgré les rumeurs négatives entendues ? Car lorsque l’on habite dans la Cité, on entend dès son plus âge que la vie y est mortellement ennuyeuse et lente. Pas d’holovision, pas de jeux, pas de stade, pas de foule, pas de bus ni de train monorail. Et de toute manière l’accès y est interdit. Une barrière gardée dissuade toute envie de partir.

Le déclic se produit lors de l’inspection hebdomadaire de son dortoir. Un lit non fait dans les règles, des semelles de chaussures non cirées et deux livres cachés dans son armoire. S’ensuivent une punition de taille, de l’humiliation et du harcèlement : sa décision est prise. Il va s’évader et essayer de rejoindre la Campagne où vivent des Aristocrates servis par des domestiques. La vie ne peut y être que plus supportable, surtout qu’en récupérant ses affaires après la mort de son père, il a trouvé des lettres de sa mère provenant de Gloucestershine, situé à la Campagne…

Déterminé et courageux, il réfléchit au meilleur plan pour s’échapper et se rendre à la gare, direction une centaine de kilomètres à l’ouest de Londres. La grande aventure débute ou plutôt les ennuis commencent. Frigorifié, affamé, livré à lui-même, les pieds en sang après des heures de marche, des rencontres pas si bienveillantes, il réussit malgré tout à franchir la barrière et se retrouve seul dans la forêt. Un jeune garçon l’accoste. Peut-il faire confiance à Mike et accepter son aide ? A-t-il le choix car sa survie dans un monde inconnu lui paraît impossible ?

Ce roman est un grand classique anglais de science-fiction. Ecrite en 1970, cette dystopie n’a pas pris une ride. Cette lecture passionnante et originale offre une belle réflexion sur le bonheur, la liberté, la vérité et les aspirations de chacun. John Christopher joue sur les apparences en imaginant une histoire simple et linéaire. Celle d’un adolescent qui fuit sa vie, réduite à un pensionnat sordide et inhumain pour une vie meilleure ailleurs avec un rêve infini de liberté. Que se passe-t-il lorsque l’on prend conscience que ce l’on croyait est peut-être faux ? Que doit penser Mike lorsqu’il s’aperçoit que les récits de Rob dans la Cité sont aux antipodes de ce qu’on lui racontait ? Et inversement. Et si Mike commençait à mettre en doute l’harmonie parfaite de son quotidien ?

Est-ce que le mieux est l’ennemi du bien ? Est-ce que l’herbe est plus verte ailleurs ? Tout à tour histoire d’amitié, réflexions philosophiques & roman d’aventures, Les Gardiens sont bien plus que ça !


Les Gardiens
John Christopher, traduit par Jean La Gravière (anglais)
Collection ZoneJ
Éditions Mijade
256 pages – 9782874230486 – 8 €
parution le 17 octobre 2019
dès 12 ans