Entretien avec Valéria Vanguelov

Une rentrée 2020 qui démarre sur les chapeaux de roues pour les éditions Grasset-Jeunesse avec des albums tous plus beaux les uns que les autres : L’Herbier philosophe, Apolline et la vallée de l’espoir, Les Amis de mon amie Carla & Le Livre des secrets de mon dinosaure préféré.
L’occasion pour nous d’interroger Valéria Vanguelov, directrice éditoriale aux multiples casquettes, sur son quotidien et sa ligne éditoriale !

Les bons livres font les bons amis : peux-tu nous en dire plus sur cette citation qui t’accompagne ?

Cette devise couvre ce spectre si large et magnifique qui fait que les livres sont essentiels… de surcroit dans un monde où les supports et contenus de lectures éphémères et souvent légères sont multiples. Le livre est un socle, un repère, un refuge, une ouverture, un lien, solide et rassurant, fertile, que l’on apprivoise et qui nous apprivoise, chacun à son rythme, au fil de ses envies et de ses besoins, et qui rassemble. Publier des bons livres, c’est ce à quoi tend Grasset-Jeunesse depuis bientôt 50 ans : participer à la naissance d’ouvrages qui restent, se transmettent, voyagent, créent des liens et enrichissent, s’ancrent dans une temporalité longue et se retrouvent avec bonheur… comme de bons amis.

Ça ressemble à quoi une journée avec Valéria Vanguelov ?

Les journées ne se ressemblent pas ! Faire partie d’une petite équipe implique à la fois de la polyvalence et une sorte d’artisanat, jongler de l’éditorial au commercial en passant par la presse ou la communication. En ce moment, eu égard au contexte, elles sont ponctuées par beaucoup de séances de travail en visio avec les auteurs et notre directrice artistique pour préparer les albums de début 2021, et les réunions commerciales qui vont avec…

Qu’est-ce qui te fait choisir un texte plutôt qu’un autre ?

Au-delà de la ligne éditoriale, des projets que l’on est en position de soutenir ou pas, le choix d’un texte reste heureusement, au sein de notre petite équipe, subjectif. Quand je m’embarque dans la lecture d’un texte qui me parle et qui correspond à notre ligne éditoriale, mon cœur commence à s’emballer, tout doucement d’abord, puis plus vite… puis la sensation devient certitude.

Une anecdote improbable sur ton quotidien d’éditrice à nous confier ?

Se promener dans une allée hongroise de la foire de Bologne, decouvrir le travail d’une illustratrice des années 90 inconnue en France et publier son livre au retour (Tom & Théo, de Veronica Marék) ? Recevoir une carte de vœux qui deviendra le point de départ d’un album magnifique (Émerveillements, de Sandrine Kao) ? Chercher un texte classique pour le premier volume de « La Collection » et se voir proposer de publier une chanson inédite de Boris Vian (Valse de Noël, Boris Vian & Nathalie Choux) ? Avoir rendez-vous avec un tatoueur rockeur londonien dans un salon d’hôtel parisien autour d’un Bloody Mary et lui confier les illustrations d’une saga ch’timi (Les aventures inter-sidérantes de l’Ourson Biloute, Julien & Reno Delmaire) ? Pour être sincère, beaucoup des projets que nous menons commencent de façon assez improbable… ce qui découle de la façon dont nous travaillons, de la liberté que notre ligne nous confère, et aussi bien sûr d’une inclination à s’enthousiasmer, s’émerveiller, rêver.

Peux-tu nous dévoiler un de tes coups de cœur prévu en 2021 ?

Oh ! Vous l’aurez compris, tous nos livres sont des coups de cœur. Mais puisque nous y travaillons actuellement, alors je mentionnerais La Malédiction des flamants roses, d’Alice de Nussy et Janik Coat, qui paraîtra en février. Un grand album très graphique sur lequel nous prenons énormément de plaisir à travailler, qui ne parle ni de malédiction, ni de flamants roses… mais nous emmène dans les coulisses de la création d’un livre illustré !