Entretien avec Pauline Mardoc, chez PKJ

Pauline Mardoc est directrice de collection aux éditions Pocket Jeunesse depuis 5 ans pour les romans 14+. Sa ligne éditoriale est très axée sur les romans actuels qui mêlent romance et réalisme. À l’occasion de la parution de Un printemps chez PKJ et de la parution de L’Envol, un roman bouleversant, nous lui avons posé quelques questions sur son métier et sur ses derniers coups de cœur.

Peux-tu nous décrire ton quotidien d’éditrice ? Quel roman aurais-tu aimé traduire ?Comment choisis-tu tes publications ?

Je suis directrice de collection, ce qui veut dire que je ne travaille pas que pour PKJ – je suis également traductrice de l’anglais vers le français, par exemple, et j’aurais d’ailleurs adoré traduire Je te hais passionnément et tous les titres de Sara Wolf ! – ce qui fait que mes journées ne se ressemblent jamais ! Chez PKJ, on travaille au coup de cœur : c’est-à-dire qu’on ne s’interdit aucun projet tant qu’il nous fait vibrer. Si un roman me fait pleurer, rire, m’émeut : alors c’est très bon signe.

Quel est ton plus fort souvenir d’éditrice chez PKJ ?

Il y a deux moments qui m’ont beaucoup marquée chez PKJ, le premier, c’est la publication de Celle dont j’ai toujours rêvé de Meredith Russo, la première romance grand public figurant une héroïne trans à paraître en France ! C’était en février 2016 et force est de constater que les mentalités ont beaucoup évolué cinq ans après, les médias se sont emparés du sujet, ce qui n’était pas le cas à l’époque. Et le second événement, c’est bien sûr la présence de Julie Buxbaum et Sara Wolf au salon du livre jeunesse de Montreuil en 2017, deux rencontres extraordinaires ! 

Et avant de parler de tes nouveautés, on aimerait revenir sur Fashion victime. Si tu devais donner les 2 arguments majeurs pour lire ce livre, quels seraient-ils ?

Fashion Victime est le roman le plus impactant que j’ai eu l’honneur de publier. Il parle de beaucoup de sujets très actuels : l’empouvoirement féminin, les addictions, #MeToo et remet en question l’industrie de la mode, très peu inclusive jusqu’à présent.  
Le second argument que j’aurais à donner, c’est le talent de Juno Dawson, une autrice que je rêvais d’éditer et qui rejoint une collection qui lui va à ravir. C’est un talent rare, comme on en croise peu.  

Deux romans du printemps 2021 traitent aussi de sujets forts extrêmement bien abordés.

Birthday rencontre un vif intérêt. Meredith Russo aborde les tracas de l’adolescence et la notion de genre avec beaucoup de finesse. Quelle idée ingénieuse de retrouver deux amis à la même date ! Qu’est ce qui te plait le plus dans l’écriture de l’autrice ?

Morgan et Eric sont nés le même jour et on les retrouve en effet à la date de leur anniversaire, de leurs 13 à leurs 18 ans. Leurs parcours sont différents mais l’un ne va pas sans l’autre. C’est bien leur histoire que Meredith Russo nous raconte, avec tout son talent pour dépeindre les psychologies détaillées de ses personnages. C’est une histoire d’amour dans tous les sens du terme. Amour familial, amical, passion, nos deux héros passent par toutes ces émotions, mais ne pourront véritablement vivre leur histoire que lorsqu’ils auront appris à s’aimer eux-mêmes.  

Accrochez-vous, L’Envol est un roman puissant et déstabilisant sur la violence domestique. Kyrie McCauley a les mots justes pour décrire la tension toxique qui règne dans la maison. A ta première lecture, as-tu compris la métaphore des corbeaux ?

On peut interpréter la présence des corbeaux de beaucoup de façons, on peut prêter à « Joe » des intentions, une personnalité…, et je pense que chaque lecteur.ice se fera sa propre idée ! En tout cas, l’ambiance qu’ils créent dans cette petite ville de Pennsylvanie est pour le moins unique.

Leighton aimerait agir, mais ne sait pas comment. Peux-tu nous parler d’elle ? Et de son envie de participer au concours ?

Leighton est une héroïne dans laquelle beaucoup de lecteur.ices se reconnaîtront, j’en suis sûre. Même si tout le monde ne vit pas dans un foyer aussi violent que le sien, et tant mieux, elle se pose les grandes questions de tout adolescent.e : qui suis-je vraiment ? que vais-je faire de ma vie ? qui sont les personnes sur qui je peux vraiment compter ?
Leighton utilise l’écriture comme une thérapie, sa participation au concours est une mise en abyme de la propre expérience de l’autrice, Kyrie McCauley, qui en parle très bien dans sa note présente dans le roman. Elle a elle-même gagné un concours d’écriture avec L’Envol, c’est ainsi que j’avais d’ailleurs repéré le projet !