A l’occasion de la parution de la gazette L’automne chez PKJ, Vincent Villeminot et Julien Martinière ont accepté de répondre à nos questions. Ils nous racontent l’origine de Black cloud, une nouvelle série illustrée pour les ados et leur manière de travailler ensemble. Ils nous font ainsi entrer dans les coulisses de la création de ce feuilleton littéraire si addictif !
Comment est né le concept de la série ?
Vincent : C’est né d’abord d’une fatigue et d’une déception… En décembre, je devais voir mon éditeur, Xavier D’Almeida, à propos d’un énorme projet de roman historique. Et j’étais fatigué, parce que ça fait trois ans que je travaille dessus, que je n’en voyais pas le bout. J’étais déçu, aussi, parce que je constatais que tout un tas de petits mecs quittaient la lecture des romans, en classe de cinquième, pour le manga. La question qui me travaillait depuis des mois, c’était : comment les garder dans le game ? D’où cette idée qui m’est venue d’écrire très direct, très frontal, une série de romans courts, avec une grosse périodicité et des planches de BD… Xavier a embrayé sur le champ.
Qu’est-ce qui vous séduit dans l’écriture de ce nouveau feuilleton littéraire ?
Vincent : D’abord, écrire et créer vite. Les premières versions du texte viennent très facilement, elles nécessitent moins de corrections que d’ordinaire – tout ça parce que les personnages existent évidemment depuis le début, et parce que le décor, c’est chez moi, notre maison, le bout de forêt en dessous de chez nous. Il ne reste qu’à imaginer des situations. Et tout est possible, puisque j’ai inventé des circonstances exceptionnelles. Grâce à elles, je peux aller dans le fantastique, le gore, la pure aventure, l’amitié, la trouille, le récit d’initiation… Et comme en plus mon narrateur a prévenu d’emblée qu’il mentait, je peux vraiment tout me permettre, c’est assez joyeux.
Pouvez-vous nous parler de la relation entre les 3 frères, trio central de la série ?
Vincent : C’est la relation primordiale : trois frangins qui s’agacent, se soutiennent, se connaissent par le cœur. Ils sont sans illusions sur les défauts des deux autres, mais ils arrivent tout de même à s’épater. Et c’est du « donné de base » – on sait qu’ils ne se trahiront jamais. Autour de ce noyau intangible, je peux faire exister d’autres relations moins évidentes, plus fragiles, de cruauté, d’amitié, d’abandon ou de fidélité filiale, d’amour sans doute dans de prochains tomes… Et je peux même penser que, sans se trahir, ces trois-là peuvent grandir d’un coup, se séparer.
Est-ce que vous aviez dès le départ imaginé une série illustrée ?
Vincent : Oui, d’emblée, ça me paraissait évident qu’il fallait des planches. Et d’emblée, je voulais que ça soit Julien. En fait, je crois que s’il avait dit non, on n’aurait pas fait d’illustration. En gros, je voulais plonger mes trois gars dans une forêt de Julien.
Comment vous êtes-vous rencontrés ? Et comment ce projet commun a vu le jour ?
Julien : On s’est rencontrés sur un salon du livre. Vincent a présenté une lecture en famille de « Nous sommes l’étincelle » et ce moment m’a particulièrement marqué. J’ai lu le livre une fois rentré chez moi et nous avons échangé par la suite. Je lui envoyais de temps en temps des dessins des projets sur lesquels je planchais, et de fil en aiguille on a eu envie de travailler ensemble. Vincent m’a parlé du projet qu’il était en train d’écrire et lorsque j’ai lu le 1er tome de Black Cloud, j’ai senti le potentiel à voir nos 2 univers se rejoindre.
Vincent : Ce qui tombait bien puisque je n’aurais pas voulu d’autre comparse !
Quelle est votre manière de travailler ensemble ?
Julien : Vincent vient en amont avec son écriture et me laisse des passages dans lesquels c’est l’image qui s’immisce par le biais de la BD. A partir de là, de manière assez classique, je propose un découpage et on voit ensemble si ça marche ou pas.
Vincent : Mais du coup, dès le tome 2, je me suis mis à écrire en fonction de ce que je voulais voir, aussi, de ce que Julien pourrait dessiner… Et une bonne partie du tome 3, dans une caverne, est née d’une discussion qu’on a eue à propos d’une grotte ornée. Bref, bosser ensemble modifie forcément aussi ma façon de raconter.
Quel est votre personnage préféré ? et pourquoi ?
Vincent : Moi, j’essaye de ne jamais en avoir, même si j’ai beaucoup d’admiration pour Camille…
Julien : ZeCrow, mais ne le dîtes pas à ses frères.
Le royaume, Black Cloud
Vincent Villeminot, illustré par Julien Martinière
Editions Pocket Jeunesse