Rencontrée de façon virtuelle pendant le confinement, Sonia Marcotte, de la médiathèque de Saint Gratien, nous a tapé dans l’œil et régalé les oreilles avec ses lectures filmées pendant près de deux mois. Et lorsque nous avons mis en place un nouveau projet avec les éditions Albin Michel Jeunesse et RTL pour des lectures de bibliothécaires dans le podcast Lis-moi une histoire, nous avons tout de suite pensé à Sonia ! En cette rentrée, vous pouvez ainsi l’écouter et la réécouter vous lire L’école de Léon et Le Pompier de Liliputia. Et pour la découvrir, à l’écrit cette fois, la voici dans notre nouveau portrait de bibliothécaire !
Des questions
Peux-tu nous décrire en deux mots ta médiathèque ?
La médiathèque Théodore Monod de Saint Gratien se situe en plein cœur de ville. Elle donne sur la place François Truffaut qui fonctionne en forum sur laquelle se trouvent également le théâtre Jean Marais, l’espace d’exposition Jacques Villeglé et le Cinéma « Les toiles ». Elle a ouvert en 2002 et elle est la plus grosse médiathèque de la communauté d’agglomération de Plaine Vallée.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ton métier ?
Sa polyvalence ! Les journées qui ne se ressemblent pas. Les rencontres avec tous les acteurs de la culture mais pas que ! J’aime et défends l’idée que je travaille dans un lieu à l’hybridité unique, bien que cet aspect manque de visibilité. C’est effectivement pourtant un des seuls endroits (et je parle des médiathèques en général) où l’on peut entrer sans avoir à justifier de son identité ou à payer un droit d’entrée. C’est le lieu de tous les possibles, l’endroit où l’on échange des graines, on partage des coups de cœur, on se retrouve pour des ateliers, on y conte et raconte, on bidouille de l’électronique, on joue, on lit. Les médiathèques sont des refuges à qui l’on devrait donner les moyens de jouer pleinement leurs rôles au sein de la société. Je suis également particulièrement attachée à ma spécificité jeunesse, car la littérature pour enfant n’a toujours pas acquis la place et la légitimité que l’on accorde à sa grande sœur… !
Un livre de fonds que tu défendras toujours ?
L’arbre sans fin, de Claude Ponti. Son chef d’œuvre absolu mais cela n’engage que moi ! Un album d’accompagnement indispensable sur le deuil, le dépassement de soi, la filiation et les mémoires qui nous habitent. L’histoire d’une petite-grande héroïne qui part en quête d’elle-même. Il y a de la douceur et de la force mélangées, de la peur et du chagrin. Bref, de tout ce qui compose une vie. Je crois que c’est l’album qui a fait de moi une bibliothécaire.
Quel⋅le auteur⋅rice rêves-tu d’accueillir ou de réinviter ?
Daniel Pennac ! Sans hésiter. Après la claque Claude Ponti, il y a eu celle « Pennac ». J’étais en CM2. J’adorerais pouvoir même avoir un véritable moment avec lui, pour lui parler de Cabot-Caboche, de L’œil du loup et de Kamo, interroger le « cancre » devenu professeur et puis écrivain (ou l’inverse) en parlant de l’école. J’ai fait mes premières expériences de lectures à voix haute sur ses romans, en classe.
Cet été, tu as enregistré le premier épisode de la saison 2 de Lis-moi une histoire, le podcast d’Albin Michel Jeunesse et RTL : peux-tu nous raconter cette expérience ?
On m’a donné l’opportunité de faire de la lecture à voix haute en dehors des murs de ma bibliothèque et c’était génial. Pendant le confinement, j’avais pris beaucoup de plaisir à proposer des lectures filmées aux enfants (et adultes) gratiennois. Les podcasts ont été une magnifique expérience. Je remercie RTL et les éditions Albin Michel Jeunesse pour cela. Cela m’a donné envie de persévérer dans le domaine de la production audio. J’invite également tous les collègues ayant envie de vivre cette expérience à se jeter à l’eau et à contacter ComJ. Au-delà du plaisir personnel, c’est un véritable coup de projecteur, non négligeable, sur notre métier.
Le portrait chinois
Si tu étais un beau souvenir en bibliothèque ?
Le projet que j’ai pu mettre en place à la médiathèque de Jouy le Moutier dans le cadre de la journée internationale du droit des femmes ! J’avais fait venir l’exposition « Des albums jeunesse pour construire l’égalité », fait des tables de présentation de livres jeunesse sur le sujet et surtout, j’avais invité Marianne Zuzula, éditrice chez La ville brûle (dont l’engagement éditorial envers le droit des femmes mais également envers toutes les égalités sociales est très fort), ainsi que Sophie Van Der Linden, papesse de la littérature jeunesse, critique, autrice et formatrice, à venir discuter avec le public de cette question de l’égalité fille-garçon et de comment l’album pouvait en être un médiateur.
Si tu pouvais voyager dans les pages d’un livre, dans lequel plongerais-tu ?
Harry Potter. Pour tout le bonheur, toute l’évasion, tout le frisson que ces livres ont apporté à mes années de collégienne.
Si tu étais ton dernier coup de cœur littéraire ?
Peau d’homme ! La bande dessinée de Hubert et Zanzim, qui interroge la question du genre, de la place de chacun et des rôles qui nous sont assignés. C’est plein d’humour, d’amour, et de courage. Une BD-conte en forme de vent de liberté qui souffle dans l’Italie de la Renaissance. Et pour les habitants de cette histoire, quelle renaissance !
Si tu étais l’endroit idéal pour lire ?
Un jardin, à l’anglaise façon Le jardin secret. Des rosiers qui éclatent de partout, du lierre, de la pierre, un étang ou un bassin. Un endroit où l’on ne serait pas surpris de voir une fillette en robe bleue courir derrière un lapin blanc.
Si tu étais une demande pour ComJ, quelle serait-elle ?
De continuer de développer davantage les relations entre les bibliothécaires jeunesse et les éditeurs comme avec les podcasts. Cela servira aux deux, et surtout aux familles. Qu’ensemble, on voit les choses en grand ! Bravo et merci à ComJ pour le travail déjà accompli et votre engagement. Vous avez été une aide très précieuse dans la mise en relation avec les éditeurs pendant le confinement. Il nous manquait ce pont entre nos deux rives.
Médiathèque Théodore Monod
Place François Truffaut
95210 Saint Gratien
Site internet