Après Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, Peau d’âne est le deuxième classique de l’année à rejoindre la belle collection des « Classiques illustrés » initiée par Benjamin Lacombe. Des albums raffinés qui font la part belle à l’image et à la vision très personnelle de chaque auteur ou illustrateur qui s’empare de ces textes.
Pour Peau d’âne, c’est Cécile Roumiguière que l’on retrouve au texte, dont la version très fidèle à l’histoire que l’on connaît se nourrit aussi bien de celle de Charles Perrault que des frères Grimm ou encore de l’adaptation cinématographique de Jacques Demy. Et l’on y découvre ainsi cette jeune princesse que son père, toujours plein de chagrin suite à la mort de sa femme, néglige complètement… Jusqu’à ce que la jeune fille devienne encore plus belle que sa mère et que le roi, fidèle à la promesse faite à sa femme, décide de prendre sa fille pour épouse. La suite, vous la connaissez : une marraine la fée qui incite la princesse à demander une dot impossible pour échapper à cet affreux destin, des robes couleur de temps, de nuit et de jour et, enfin, la peau de cet âne qui fait la richesse du royaume… Puis cette princesse qui revêt cette peau et s’enfuit avec son trousseau, se réfugiant dans une ferme où elle devient souillon, jusqu’à ce qu’un prince passe par là… Cécile Roumiguière ne dévie pas du conte original mais lui apporte ses mots délicats et poétiques, une modernité qui trouve une résonance particulière dans notre société actuelle. Son texte nous fascine, nous enchante et nous interpelle par sa puissance d’évocation et la cruauté de l’histoire.
Et c’est tout aussi fasciné que l’on découvre les illustrations vibrantes d’Alessandra Maria, artiste américaine à la technique enchanteresse mêlant photocollages, fusain, feuilles d’or (les illustrations de l’article le montrent difficilement, mais oui, ça brille de mille feux), etc. Ces images envoûtantes semblent parfois empreintes d’iconographie religieuse (ces femmes comme des madones ou des icônes orthodoxes) et se marient parfaitement à l’atmosphère dégagée par le texte de Cécile Roumiguière, à la fois terriblement belle et magnifiquement cruelle.
Une réécriture aussi fascinante que dérangeante, un album comme un écrin magique d’une Peau d’Âne qui continue de nous captiver.
Peau d’âne
Cécile Roumiguière, illustrations d’Alessandra Maria
Albin Michel Jeunesse
collection « Classiques illustrés »
64 p. – 9782226436016 – 19,90€
parution le 4 novembre 2019
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