Entretien avec les éditeurs 7-12 ans chez Albin Michel Jeunesse

Ils sont plusieurs éditeurs à proposer des albums et des romans pour les 7-12 chez Albin Michel Jeunesse. Olivier Moreira s’occupe du label #AM, pour les plus grands, consacré à la culture geek et populaire, et se trouve à l’origine de la collection « 30 minutes pour survivre », une série de livres dont vous êtes le héros. Karine Van Wormhoudt, que vous connaissez pour son travail sur la littérature de création française pour les adolescents, en propose donc aussi pour les plus jeunes. Enfin, Béatrice Vincent, qui dirige le label Trapèze est aussi derrière la création de la collection « Witty ». Tous les trois nous racontent un aspect de leur travail éditorial pour cette tranche d’âge.


Nous avons été très séduites par la série « 30 minutes pour survivre », qu’est-ce qui vous a plu et poussé à la publier ?
Enfant, j’adorais la collection « Un livre dont vous êtes le héros » chez Gallimard. Je cherchais une série actuelle qui renouvelle le genre.

Au départ, « 30 minutes pour survivre », c’est un concept venu d’Australie : comment passe-t-on de la traduction à la création ?
Bertrand Puard et Olivier Gay, les auteurs français de la série, ont amené leur imaginaire, tout en conservant intacte la mécanique de jeu, le rythme, et les ingrédients qui ont fait le succès du concept original.

Comment travaille-t-on avec un auteur sur un livre avec autant de contraintes ?
C’est Bertrand Puard qui a trouvé la bonne formule. Il me soumet un synopsis avec les grands axes de son aventure. Une fois validé, il m’envoie un « squelette » détaillé des différents embranchements avant de passer à l’écriture.


Quelle est votre approche du roman pour les 8-12 ans ? Pouvez-vous nous parler de la naissance d’Elisabeth princesse à Versailles, qui marque le début des séries illustrées de création ?
J’aime beaucoup la tranche 8-12 ans : il y a encore beaucoup de lecteurs voire de gros lecteurs à cet âge-là, et leurs goûts sont éclectiques, très ouverts.
Je travaille dans deux directions : la série de qualité, parce que les enfants (mais aussi les adultes) adorent suivre au long cours les aventures de leurs héros préférés : on fidélise des lecteurs.rices voire on les rend addict à la lecture, c’est fabuleux. C’est ce qui se passe avec Elisabeth, princesse à Versailles, par exemple. Il n’existait pas, avant « Elisabeth », de romans historiques très illustrés destinés aux enfants à partir de 8 ans. Les séries historiques étaient conçues pour les collégiens et les lycéens uniquement. Avec Annie Jay, nous avons fait le pari d’essayer de toucher les plus jeunes. Pari réussi !
J’aime aussi proposer des « one shot », parce que ça permet de prendre plus de risques, d’oser aller plus loin dans le traitement des émotions, par exemple, ou de tenter des formes narratives. Mais commercialement parlant, on repart de 0 à chaque fois.


Cela fait maintenant sept ans que « Witty » existe, quel est votre ressenti sur la collection, quels sont les projets ? C’est le 12e roman de David Walliams qui paraît en octobre : attendez-vous toujours avec impatience ses histoires ?
« Witty » existe depuis 2012 et compte aujourd’hui 40 titres. Les premiers titres publiés, Madame Pamplemousse de Rupert Kingfisher, Joe Millionaire de David Walliams ainsi que 43, rue du Vieux Cimetière de Kate et Sarah Klise ont dessiné une ligne éditoriale à laquelle nous sommes restés fidèles. « Witty » offre aux lecteurs à partir de 8 ans des romans où l’humour est l’ingrédient principal, non pas des catalogues de gags mais au contraire des récits exigeants dans leur propos et leur langage comme dans leurs illustrations.
Nous publions aujourd’hui moins de nouveautés qu’autrefois, la prolifération chez de nombreux éditeurs de collections qui affichent des intentions identiques tant dans la narration que la forme, ont affaibli le lectorat et, je le crains, quelque peu lassé les libraires.
Malgré cela nous choisissons encore chaque année un ou deux coups de cœur, et poursuivons notre aventure éditoriale avec David Walliams. Bien qu’il s’agisse comme vous le soulignez de son 12e roman dans la collection, chaque nouveau livre est pour nous un événement et nous attendons toujours avec autant d’impatience le nouveau cru. David Walliams a la capacité extraordinaire de se renouveler tout en fidélisant ses lecteurs grâce à un univers singulier, fort et structuré. Son humour reste irrésistible et notre plaisir intact !